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« Learning expedition » dans une agrocité avec le président de la FNCAUE

Agriculture urbaine et transition écologique

Archives Environnement et Biodiversité

Joel Baud-Grasset, président de la Fédération nationale des CAUE, a participé à une « learning expedition », organisée à l’agrocité de Bagneux par Agri-City.info, avec des acteurs et porteurs de projets d’agriculture urbaine.

Consacré aux agricultures urbaines et périubaines durables, le média professionnel Agri-city. info a réuni pour l’évènement des acteurs et porteurs de projets d’agriculture urbaine : Constantin Petcou, architecte, directeur de l’Atelier d’Architecture Autogérée, initiateur des Agrocités de Bagneux et Gennevilliers, Pascale Méker, maire-adjointe de Bagneux en charge de la transition écologique, du développement durable et du patrimoine, Lionel Chassat, conseiller municipal de Bagneux attaché à l’agriculture urbaine et aux jardins partagés., Valérian Almaric, architecte fondateur de l’agence Ilimelgo, concepteur de la cité maraichère de Romainville et de la ferme aquaponique de Colombes et Joël Baud-Grasset, président de la FNCAUE, agriculteur et conseiller départemental de Haute-Savoie.

Joël Baud-Grasset, président de la FNCAUE (image Nicolas Ginestière, Agri-city)

Les Agrocités, alliant économie verte, résilience et solidarité

Constantin Petcou a présenté la démarche des Agrocités dont celle de Bagneux qui a été inaugurée en juillet 2019. Elle se situe sur un espace de 1 600 m2 et comporte différents espaces : des parcelles cultivées sur 800 m2 (collectives ou individuelles), un RecycLab (atelier de réparation, réemploi et recyclage) et des installations favorisant la transition écologique et la biodiversité à l’instar du compost et du traitement des eaux grises par la phytoépuration.

L’agriculture urbaine est vue comme une « porte d’entrée » vers la transition écologique, par la sensibilisation et la reconnexion à la terre dans des milieux urbains où l’accès à la biodiversité est restreint. L’impact de l’alimentation dans les changements climatiques n’est pas négligeable et privilégier une alimentation locale et de saison peut réduire notre empreinte écologique par 6 ou 8.

Allier économie verte, résilience et solidarité (image E. CL. FNCAUE)

L’accent est mis, tant dans la conception que dans la gestion du projet, sur l’importance du collectif et de la coopération, avec l’aide d’associations déjà implantées localement. Les habitants peuvent s’impliquer dans les activités agricoles, de sensibilisation et de transformation des produits récoltés. Le mode de gouvernance, par l’existence de collèges d’utilisateurs et de gestionnaires, vise la cogestion.

Travaillant avec des chercheurs et chercheuses de renom, le projet contribue à une recherche-action dans le cadre d’une réflexion menée sur la gestion des biens communs et de la production de valeur non-monétaire appliquée à l’économie verte. L’idée est de prendre en compte et de quantifier la production de valeur non-monétaire, qui n’est pas intégrée dans une comptabilité classique, pour avoir une meilleure appréhension de la valeur ajoutée de tels projets. Par exemple, la transmission de savoir-faire par l’apprentissage n’est généralement pas intégrée dans la production de valeur, alors même que cette connaissance, reproductible, pourra être valorisée dans d’autres projets. Finalement, intégrer cette production non monétaire permet de diminuer le coût global des projets et plus largement de la transition écologique.

Par ailleurs, le développement de telles structures permet la création d’emplois qui n’auraient pas pu voir le voir ailleurs, grâce à une flexibilité de l’espace et du projet. Ainsi, dans l’Agrocité de Gennevilliers, l’installation d’un compost, à la demande d’un utilisateur, a progressivement conduit à la création d’une école de maîtres composteurs ayant formé 120 personnes, permise par la montée en compétences de l’utilisateur initial.

Un modèle favorisé par une volonté municipale

La ville de Bagneux a été engagée, dès le début, pour le développement du projet, ainsi que l’ont expliqué Pascale Méker et Lional Chassat. Les associations environnementales locales avaient besoin d’un lieu spécifique, dans cette ville ayant déjà des jardins partagés. Cette dynamique a contribué au lancement du projet en 2016, sur un modèle coopératif et s’inspirant de l’Agrocité de Gennevilliers, créée par l’Atelier d’architecture autogérée.

L’expérience d’une ferme urbaine en ville : la cité maraichère de Romainville

Livrée en mars 2021, la cité maraichère de Romainville, ferme urbaine verticale en Seine Saint-Denis (93) est issue d’une volonté politique municipale. Le projet présente des caractéristiques très différentes de l’Agrocité : volonté politique initiale, projet soumis à concours, localisation sur un terrain déjà artificialisé, bâtiment non démontable, culture en bacs… Mais il a en commun de vouloir reconnecter les habitants avec l’agriculture et de tisser du lien social. Il s’agit d’une serre sur plusieurs niveaux, ayant conduit à une conception adaptée du bâtiment : réflexion sur l’ensoleillement et l’ombre avec des hauteurs différenciées, prise en compte de la charge des bacs, optimisation d’une serre non chauffée…

Reconnecter les habitants avec l’agriculture (image E. CL. FNCAUE)

Un contexte de rapprochement nécessaire des citoyens à l’agriculture

Joël Baud-Grasset a rappelé le phénomène historique de déconnexion progressive des urbains avec la nature et l’agriculture, notamment mise en images par l’exposition « Capital agricole » du Pavillon de l’Arsenal (2018-2019). Favorable à l’essor de reconnexion à la terre, il a expliqué que les tiers lieux d’agriculture urbaine, à l’instar de l’Agrocité, présentent l’intérêt majeur de permettre de comprendre le cycle de la terre et de renouer avec des techniques ancestrales. Par exemple, les essais de chauffage au compost mis en œuvre dans ces expérimentations urbaines, se rapprochent des pratiques paysannes modestes – mais dont la valorisation aujourd’hui fait écho à la circularité et la proximité géographique – de chauffage aux bouses séchées.

Les CAUE jouent un rôle important tant en matière de sensibilisation du grand public aux enjeux de transition écologique – par exemple autour des trames vertes et bleues – qu’auprès des agriculteurs en apportant des conseils architecturaux et paysagers, visant la meilleure intégration possible des bâtiments agricoles.

>>> Lire aussi l’article « Joël Baud Grasset : « L’agriculture urbaine reconnecte les habitants à la terre » sur Agri.city.info

E. C.L.

[publié le 19/04/2022]
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